Les lavoirs de Ruelle

 

          En parcourant les rues et chemins de Ruelle on peut rencontrer encore quelques lavoirs assez bien conservés ; d'autres subsistent à travers des vestiges parfois à peine identifiables et d'autres enfin ont complètement disparu. Pourtant ils étaient relativement nombreux dans la première moitié du 20ème. L'accroissement de leur nombre a correspondu non seulement à l'incitation des pouvoirs publics à développer l'hygiène, donc le lavage du linge, suite aux épidémies du 19ème (notamment celles du choléra), mais aussi à l'augmentation de la population consécutive au développement de la Fonderie qui est passée à une activité permanente (et non plus saisonnière comme à la fin du 18ème et au début du 19ème) en raison de l'essor des activités militaires liées à la conquête coloniale et au contexte international. Aussi, les demandes de création se sont-elles multipliées avant la guerre de 1914-18. À la même époque, on constate un phénomène identique à Magnac [1].

          À partir des sources écrites des archives municipales ou départementales, des observations sur le terrain, de témoignages, ce chapitre veut faire revivre l'histoire de lieux dont les aménagements successifs ont reflété les préoccupations d'une époque, les choix des élus locaux, ont révélé dans la population, des tensions, des rivalités mais aussi des manifestations de solidarité. L'objectif n'est pas de raconter comment se déroulait la grande lessive (la "bujhée" qui ne concernait que le linge qui bouillait, une ou deux fois par an), ni de retracer dans le détail, le travail des lavandières (ou laveuses), travail pénible nécessitant un matériel adapté : brouette à claire-voie pour le transport du linge mouillé, selle (coffre dans lequel la laveuse se met à genoux, et que prolonge une planche inclinée s'adaptant à la pente du lavoir), battoir de bois, tréteaux pour éviter que le linge entre en contact avec le sol. Ce travail était d'autant plus pénible que la température des eaux courantes n'est pas très élevée et que jusqu'en 1930 aucun lavoir n'était couvert à Ruelle, alors que dans certaines communes urbaines on avait construit des lavoirs clos avec production d'eau chaude… Lieu de travail, le lavoir était aussi un lieu de rencontre réservé aux femmes, en quelque sorte pendant du bistrot pour les hommes, à la différence qu'on s'y adonnait à une activité utile à la famille. Le lecteur pourra laisser vagabonder son esprit pour imaginer les conversations amicales, les commérages, l'expression de rivalités jusque dans le choix des places, la prééminence de certaines maîtresses femmes…

 

[1] En 1897 et 1898, la construction de lavoirs est un des arguments invoqués par Magnac pour différer et réduire sa participation financière à la construction de la passerelle de Relette.

 

L'alimentation en eau des lavoirs

 

          Le lavage et plus encore le rinçage nécessitent une grande quantité d'eau. De quelles eaux disposait-on à Ruelle pour les besoins quotidiens ? D'abord de la Touvre et c'est sur son cours que se sont établis les principaux lavoirs; mais aussi des eaux coulant des sources permanentes comme la Fontaine des Riffauds et la Petite fontaine des Riffauds (située près du chemin conduisant de la Fontaine des Riffauds au village des Riffauds), à l'origine du Bac du Chien. En saison froide, dans les fonds de vallées, des ruisseaux intermittents collectent les eaux de ruissellement ou d'écoulement des terres. Quant aux autres possibilités, telles que les eaux des puits, les eaux pluviales collectées sur les toitures et recueillies dans des citernes, dans de grands abreuvoirs en pierre (les "timbres") ou des demi-tonneaux de bois (les "bails"), elles ne permettaient pas de grosses lessives. Des bornes-fontaines avaient été installées par la Fonderie; elles étaient alimentées par un pompage des eaux de la Touvre, dans l'enceinte de l'entreprise: un robinet était à la disposition du public, au coin du chemin de la Groye (actuelle rue Charles Moraud), près de l'Hôtel de la Direction bien avant 1914 ; une autre borne-fontaine branchée sur la canalisation du lavoir, fonctionnait à Vaugeline. L'adduction d'eau potable n'est réalisée qu'à partir du début des années 30.

 

           En raison de leur importance sur le plan sanitaire, les eaux de la Touvre sont l'objet de l'attention de la municipalité qui s'inquiète de leur mauvaise qualité. Dans sa séance du 28 août 1891, pour préserver la salubrité publique et considérant que les eaux de la Touvre sont de plus en plus malpropres et insalubres, le conseil municipal demande au préfet de prendre un arrêté ordonnant l'enlèvement de tous les cabinets d'aisances installés sur la Touvre ; il ajoute qu'il serait urgent d'empêcher les usiniers de déverser dans la Touvre le chlore et autres produits chimiques. Les usines de Maumont et de Veuze, en juin 1913, et la Fonderie en août de la même année sont à nouveau incriminées, leurs rejets d'huiles et autres matières grasses rendant impossible l'utilisation de l'eau et interdisant toute opération de lavage (par exemple au lavoir d'aval du Pont Neuf). Lors de la réunion du 18 juin 1916, il est signalé que la papeterie de Veuze, réquisitionnée par la Fonderie, déverse ses eaux de lavage des cotons directement dans la Touvre, et que des laveuses, au lavoir du Pont Neuf, ont vu passer à la surface de l'eau, "des huiles et essences" provenant vraisemblablement de la Fonderie.

          A nouveau, le 6 juin 1922, le conseil municipal "considérant qu'une épidémie sévit sur le poisson et en particulier sur la truite depuis 5 ans, considérant que pendant la guerre sous prétexte de faire vite, les usiniers de Veuze et Maumont ont pris l'habitude d'évacuer directement à la Touvre les résidus industriels au lieu de les faire séjourner dans des fosses de décantation avant évacuation, considérant que par le fait la rivière s'envase de plus en plus et qu'il y a certainement relation de cause à effet au sujet de la disparition du poisson, prie le préfet d'inviter les usiniers à pratiquer des méthodes de fabrication non préjudiciables à l'intérêt public et au besoin à les poursuivre conformément au décret de 1897 sur la pollution des eaux". Déjà en 1909, a été sollicité un avis favorable de la Marine "pour le remblaiement de la partie de la rivière se trouvant en amont du terre-plein et actuellement occupée par des vases de plus en plus nuisibles à la santé publique par les mauvaises odeurs qui s'en dégagent au moment où les eaux diminuent" ; cette zone est à proximité des deux lavoirs du Pont. Le 6 octobre 1941, le conseil déplore la présence de cadavres d'animaux dans la Touvre (par exemple celui d'un mouton). Si l'incidence de la pollution des eaux est moins grave pour le lavage du linge que pour la consommation, la question de l'hygiène reste néanmoins posée.

Inventaire des lavoirs

 

          La prospection sur le terrain et l'étude des documents conservés aux archives municipales permettent de dresser l'inventaire des lavoirs publics (ou considérés comme tels) utilisés à Ruelle au XIXème et au XXème siècles. La plupart remontent à des temps immémoriaux, chaque village ou hameau possédant et entretenant le sien (voire plusieurs comme au bourg). Mais le développement et l'urbanisation de Ruelle ont conduit la municipalité à intervenir dans l'aménagement des lavoirs et même à en construire de nouveaux. (carte des lavoirs, infra)

 

Lavoir de la Camoche (ou de Fourville) (sur la Touvre au droit de la cité de Puyguillen)

Lavoir du haut du bourg ou lavoir Vantenat (au confluent de la Touvre et du Bac du Chien)

Lavoir des moulins (chemin des moulins)

Lavoir du bourg en aval des moulins ou lavoir du Port (rue du Port)

Lavoirs du Pont ou du Terre-plein: rive droite (lavoir du Pont), rive gauche (lavoir devant la Fonderie appelé aussi lavoir Bénétaud, ou de chez Grelet, ou abusivement du Maine Gagnaud)

Lavoir de la Groye (ou la Groie) (accès à partir de la rue Charles Gide)

Lavoirs du Pont Neuf : en amont du Pont ou lavoir du Maine Gagnaud (à ne pas confondre avec le lavoir du Terre-plein, rive gauche) ; lavoir d'aval ou petit lavoir du Pont Neuf, ou accolé au Pont Neuf ou des Ribéreaux ou du Quartier Neuf

Lavoir des Seguins près de la base de canoë (ou dit au regard des aciéries)

Lavoir des Seguins au grand port (rue de la Marne)

Lavoir de La Terrière

Petit lavoir de Fissac à côté de la Passerelle

Lavoir de Fissac

Lavoir de chez Tendry (rue Marcel Chaduteau)

Lavoir de la Fontaine des Riffauds

Lavoir de la Petite Fontaine des Riffauds

Lavoir de la Ponche (rue de la Ponche)

Lavoir du Bac du Chien (rue Mme Curie)

Lavoir de Vaugeline (rue Emile Roux)

Lavoir du Maine Gagnaud près du Quai militaire, dit aussi lavoir Tallon

Lavoir de la Fontaine des Arnauds, situé à la limite de Ruelle, sur la commune de Mornac.

 

          À ces lavoirs s'ajoutent les lavoirs privés dont il est difficile de dresser la carte, faute d'archives. Leur aménagement est souvent plus modeste notamment dans leurs dimensions. À Villement il n'existe pas de lavoir public, les habitants utilisent un lavoir privé.

Les différents types de lavoirs

          Le lavoir le plus simple, sur la rive du cours d'eau, consiste en un plan incliné empierré ou pavé dont la partie inférieure plonge dans l'eau, permettant ainsi aux laveuses de s'adapter aux variations du niveau de la rivière ; au-dessus, est disposée une table ou pierre à savonner (parfois plusieurs). Il est à ciel ouvert (par exemple le lavoir devant la Fonderie [A] ). À partir de 1930, certains sont couverts (tuiles ou béton). Quelques uns n'ont reçu qu'une toiture en tuiles reposant sur des piliers et s'avançant au-dessus du plan incliné (lavoir des Seguins près des aciéries). Les lieux couverts peuvent être partiellement clos (notamment les lavoirs en béton), un mur fermant le haut du lavoir ; ce mur est parfois complété par une partie en retour sur un côté (lavoir en amont du Pont Neuf [B] ‚) ou sur les deux (lavoir de Chez Tendry) mais les murs des côtés ne doivent pas trop dépasser le niveau moyen des eaux, sinon ils suppriment le courant nécessaire à l'évacuation des eaux savonneuses.


           Les lavoirs alimentés par une source, une conduite d'eau ou un ruisseau d'écoulement des terres, se présentent le plus souvent sous la forme d'un bassin rectangulaire peu profond avec vanne d'arrivée d'eau à un bout et vanne d'évacuation à l'autre, bassin dont la bordure n'est pas verticale mais inclinée dans sa partie supérieure pour pouvoir utiliser la selle ou un coffre. Autour du bassin, est aménagé un trottoir où s'installent les laveuses et où sont disposées les pierres à savonner (lavoir de la Fontaine des Riffauds [C] ƒ, de la Ponche, du Quai militaire, des Arnauds [D]  „). Certains ont été couverts et partiellement fermés (Vaugeline, le Pont rive droite).


Petite histoire des lavoirs jusque dans les années 20

 

Les lavoirs du Bourg

 

- Le lavoir du haut du bourg ou lavoir Vantenat

Il est situé en amont du confluent du Bac du Chien et de la Touvre . Un arrêté du préfet du 13 septembre 1888 autorise le maire à faire exécuter le pavage du lavoir et de l'abreuvoir, après avis des agents du service hydraulique et des ingénieurs des Ponts et Chaussées datés des 22 et 25 août 1888 ; les droits des tiers seront sauvegardés et il est interdit de déposer quoi que ce soit dans le lit de la rivière qui devra être débarrassée de tous résidus. Les travaux sont achevés à la fin de1888.

Mais un différend est survenu entre la commune et le sieur Vantenat au sujet des limites de propriété des lieux dits "Port Vantenat". Le 28 novembre 1890, une transaction entre les deux parties est passée devant le préfet car il n'existe aucune preuve absolue des droits de chacun: un bornage sera exécuté, chaque partie supportera les frais qu'elle a exposés en recourant au tribunal civil ; quant aux frais liés à la transaction (timbres, enregistrement, bornage…) ils seront à la charge de la commune (49,25f). En mars 1891, une décision du préfet impose à la commune de rembourser au sieur Vantenat, la somme de 63f qui représente 1/5 des frais de justice pour le bornage. Le lavoir étant de plus en plus fréquenté, il est décidé d'ajouter une pierre à laver, en août 1912.

 

- Les autres lavoirs du bourg

Les archives n'y font allusion que dans une prévision de travaux de novembre 1876, pour une somme de 140,10f destinée à améliorer l'abreuvoir et le lavoir en aval des moulins de Pinasseau et de Tardieu.

 

Le lavoir du bac du Chien

 

          L'idée d'un lavoir sur le ruisseau du Bac du Chien est ancienne. En effet, en février 1853, Pierre Penot, conseiller municipal du bourg, propose de faire un pont de moellons et pierre de taille sur le ruisseau appelé le Bac du Chien qui traverse le chemin de Ruelle à Mornac; le chemin depuis qu'il a été rehaussé devient impraticable tant pour les animaux que pour les personnes [1] ; or ce chemin est indispensable pour le transport des engrais et des récoltes, des bois de la forêt de Bois Blanc, pour le passage des morts des Riffauds pour se rendre à l'église. En conséquence, le conseil demande qu'il soit fait un pont de 4m, laissant à gauche en venant de Mornac (c'est-à-dire en aval), le reste de chemin pour servir de lavoir et d'abreuvoir à l'usage du village de chez Brochet [2]. Sans doute en raison de la proximité des lavoirs du bourg et du coût de l'aménagement, les travaux ne sont pas entrepris ; en août 1886, le conseil rejette même la construction d'un lavoir public en face du jardin du presbytère, c'est-à-dire de l'autre côté du pont, en amont.

          Un incident va permettre la construction du lavoir : le mur du jardin du presbytère bordant le Bac du Chien, s'est écroulé sur une longueur de 12m. En août 1897, on profite de l'absence d'eau dans le ruisseau pour le nettoyer, déblayer sous le pont [3], et reconstruire le mur en le reculant de 2m dans le jardin de la commune, afin de laisser un espace permettant aux habitants du quartier d'y venir laver et puiser de l'eau.

 

[1] Déjà en février 1841, le conseil avait émis un avis favorable pour construire un ponceau à une arche de 1,50m de large sur le ruisseau du Bac du Chien; auparavant une pierre servait de pont mais elle s'est cassée rendant le passage impraticable pour les piétons des Riffauds qui se rendent au bourg.

[2] Entre le Bac du Chien et le chemin de la Messe.

[3] Le pont a été construit lors de l'aménagement du chemin d'intérêt commun N°27, dans les années 1870.

Les lavoirs du Pont

 

          En février 1875, des conseillers rapportent les réclamations concernant l'état des lavoirs et abreuvoirs à chaque bout du pont. Antoine Robert, Charles Perronnet et Jean Perrot sont chargés d'étudier la question ; leurs conclusions aboutissent à la décision de faire des travaux de terrassement et de pavage. Ceux-ci font l'objet d'un marché le 8 octobre 1875 et leur réception a lieu le 15 janvier 1876 (862 francs payés à Dubois).

 

- le lavoir du Pont rive droite

Au 19ème, il est situé sur la rive du chenal qui reçoit le trop plein du déversoir des eaux, propriété de la Fonderie, en amont du pont (à la suite d'aménagements dans l'enceinte de l'entreprise, le chenal est même devenu en partie souterrain).

Extrait d'un plan dressé en avril 1899
Extrait d'un plan dressé en avril 1899

 

           L'alimentation du lavoir manque de régularité et la qualité des eaux reste douteuse : dès 1893, dans son projet de terre-plein, Antoine Pontaillier envisage de le déplacer puisqu'il "n'a pas d'eau les ¾ du temps". Le déplacement en bordure du terre-plein sera effectif avec la réalisation des travaux du marché, en 1902. Cependant la question de l'eau n'est pas résolue pour autant : en février 1909, un conseiller demande qu'on essaie d'en faire arriver une plus grande quantité pour chasser l'eau sale. En 1919 et 1928, il faudra procéder au nettoyage du lavoir.

 

- Le lavoir du Pont rive gauche (ou lavoir devant la Fonderie ou lavoir Bénétaud ou de chez Grelet ou au-dessus du pont et même lavoir du Maine Gagnaud)

          Vers 1840, la construction du nouveau pont [1] et l'ouverture dans son axe, du nouveau tracé de la RN 141 jusqu'au chemin du Bourg à Vaugeline [2] (actuelle avenue Wilson), suivies de la démolition de l'ancien pont, ont permis l'agrandissement du lavoir devant la Fonderie. Il en résulte que ce lavoir a la particularité d'être partagé entre Magnac et Ruelle, selon l'axe de l'ancien pont : le sud à Magnac, le nord à Ruelle, chaque commune possédant sa ou ses pierres à savonner. Mais la limite n'a été précisée par la préfecture qu'en avril 1898 [3].

          En mai 1878 le conseil s'inquiète de modifications dans le secteur. Il rappelle qu'une réparation a été faite en 1875 pour une dépense d'environ 900f : remblaiement d'un fossé et établissement d'un aqueduc sur l'emplacement compris entre le pont et le mur de clôture du jardin Bénétaud dans lequel il n'existait qu'une porte d'entrée ordinaire. Depuis, ce jardin a été vendu à Ecoupeau qui y fait construire une maison avec empiètement d'un trottoir et de marches. Il semble donc nécessaire d'informer le préfet pour qu'il diligente le contrôle d'un agent voyer.

          En 1897, une demande d'autorisation de travaux est envoyée aux services préfectoraux. Il s'agit de construire, aux frais de la commune de Ruelle, un glacis de 2m de largeur, moitié sur le chemin du port, moitié sur le lit de la Touvre qui serait approfondi de 0,20m à 0,30m de manière à faciliter le lavage du linge, sans empêcher les charrettes d'accéder à la rivière. Le projet a été soumis à une enquête de 15 jours dans la commune; aucune observation n'ayant été présentée et la dépense, évaluée à 50 francs, pouvant être prélevée sur un chapitre du budget, le préfet autorise l'exécution des travaux, le 6 décembre 1897.

 

[1] Le nouveau pont a été construit sur une zone appartenant à la Fonderie; le parapet sud de la tête de pont est situé à 8m en aval de l'axe de l'ancien pont.

[2] Le cimetière n'entre en service qu'en 1851.

[3] Ce point a été traité dans le chapitre consacré au terre-plein.

 

Carte postale éditée antérieurement à la construction du terre-plein.
Carte postale éditée antérieurement à la construction du terre-plein.
 Après 1902, la partie du lavoir appartenant à la commune de Ruelle est dominée par l'extrémité ouest du terre-plein.
 Après 1902, la partie du lavoir appartenant à la commune de Ruelle est dominée par l'extrémité ouest du terre-plein.

          Ce lavoir est très utilisé, comme il apparaît sur ces cartes postales anciennes, aussi nécessite-t-il un entretien suivi tant au niveau du sol que des pierres à savonner qu'il faut cimenter régulièrement.

 

Les lavoirs de Vaugeline

 

          Au début du 19ème siècle, Vaugeline dispose de deux lavoirs, l'un permanent sur la Touvre, à proximité de la bifurcation des chemins de Vaugeline et de Fissac (emplacement vraisemblablement occupé par la forerie n°3, compte tenu des modifications du lit de la Touvre dans l'enceinte de la Fonderie) et l'autre, intermittent, alimenté par les eaux d'écoulement, durant la saison froide, dans le fond du vallon, près du carrefour des chemins menant au bourg et au pont de Ruelle.

          Au cours du 19ème, la Fonderie occupe progressivement la rive droite de la Touvre, repoussant le lavoir vers l'aval. Elle annexe même le chemin de grande communication n°23, ce qui implique un changement de tracé, avec construction du Pont Neuf. En 1884, le lavoir arrive dans le secteur de l'entrée actuelle de la DCNS (vraisemblablement l'actuel parking réservé aux personnels en mission) selon une lettre envoyée au maire, le 16 décembre, par le colonel Du Pan, directeur de la Fonderie :

          "En réponse à votre lettre du 14 décembre, j'ai l'honneur de vous faire connaître que la Fonderie remédiera prochainement aux défectuosités du lavoir de Vaugeline. J'aurais l'intention de faire remblayer, au moyen de dragages exécutés dans le lit de la Touvre, la partie comprise entre le grand bras et le canal Beirand en aval du pont. Le lavoir se trouverait alors transporté sur ce remblai auprès du grand bras de la rivière où se trouve un courant très suffisant. On y accéderait au moyen d'une passerelle jetée sur le canal Beirand, l'abreuvoir restant à sa position actuelle.

          Dans l'établissement du nouveau lavoir, nous aurons soin de ménager sur la berge un pavage en pente de façon que les laveuses puissent s'y placer commodément quelle que soit la hauteur de l'eau.

          Je pense que ces dispositions seront de nature à donner une entière satisfaction à vos administrés. Toutefois je vous serais obligé de vouloir bien me faire connaître si vous n'avez aucune objection à présenter contre ce projet avant que je le mette à exécution. Veuillez agréer…"  signé Du Pan. 

           Sur ce plan, le chemin du lavoir existant en 1882 se trouve à l'est des parcelles en voie d'acquisition par la Fonderie ; apparaissent aussi l'axe de la future route du Pont Neuf (pointillés), le port de Vaugeline et le canal Beyrand qui doit être en partie comblé (zone hachurée). On prévoit de construire le nouveau lavoir au sud de la chaussée du canal Beyrand (ou Beirand). Vers 1910, le lavoir est à nouveau déplacé et accolé au Pont Neuf, sur l'autre rive du grand bras, en face de l'emplacement évoqué en 1884.

          En 1896 les habitants de Vaugeline ne veulent plus subir les inconvénients liés aux déplacements du lavoir sur la Touvre. Le 5 septembre 1896, ils écrivent au maire: "Avant l'agrandissement de la fonderie, le village possédait un lavoir un peu en dessous de l'emplacement occupé actuellement par l'entrée de la fonderie, côté du champ d'épreuves, c'est-à-dire à 350m environ du hameau. Ce lavoir, par des déplacements successifs a été transporté à une distance qui aujourd'hui n'est guère moins d'un km. Les intérêts du village qui comprend près de 200 habitants ont donc été gravement lésés. Et cet éloignement d'une servitude qui est indispensable à la propreté, le meilleur préservatif de la santé publique, pourrait entraîner des conséquences regrettables dans ce milieu habité surtout par de modestes ouvriers pour lesquels le temps est doublement précieux, car il arrive en effet souvent qu'une ménagère partant à la première heure le matin pour aller laver son linge, laisse au lit un enfant en bas âge ou un vieillard impotent. Ils vous prient donc, monsieur le maire de vouloir bien intervenir auprès de M.le directeur de la fonderie de Ruelle à l'effet de savoir s'il y aurait possibilité d'avoir une conduite d'eau pour alimenter un lavoir mieux à leur proximité ce qui serait une juste compensation de leurs droits antérieurs. Veuillez agréer… le 5 septembre 1896". Suivent 45 signatures [1]. De plus, le lavoir est utilisé par d'autres personnes que les habitants de Vaugeline, par exemple ceux du Quartier Neuf, et par conséquent n'a pas assez de places.

          Le 25 novembre 1896, le colonel Bertin, directeur de la Fonderie retourne au maire les pétitions pour l'installation d'une conduite d'eau et lui annonce qu'en raison de la dépense, il faut l'autorisation du ministre de la Marine.

Selon le maire, la dépense s'élève à environ 1000 francs et pour donner suite à la pétition, le lavoir étant communal, il demande au conseil de se prononcer. Dans sa séance du 20 décembre 1896, celui-ci considère que la pétition est justifiée, qu'elle revendique les droits du village et de la commune, que le lavoir est trop éloigné, qu'il est trop petit pour le nombre d'habitants qui le fréquentent, et enfin qu'il ne peut être transporté ailleurs, la Fonderie étant propriétaire de toute la rive droite de la rivière ; en conséquence, le conseil prie le ministre d'autoriser la dépense pour l'établissement d'une conduite d'eau et d'un lavoir à proximité du village.

          Une dépêche ministérielle du 1er juillet 1897 prescrit à la Fonderie d'établir le projet d'installation d'un nouveau lavoir au hameau de Vaugeline : la Fonderie fournirait l'eau, la conduite en fonte, la pompe ; la commune, la tranchée, les maçonneries et le pavage du lavoir. Le point d'arrivée choisi (13m au dessus de la Touvre) est occupé par une petite mare qui reçoit les eaux du vallon et qui est utilisée comme lavoir quand la quantité d'eau est suffisante car le ruisseau est à sec l'été. Le colonel Candelot, directeur de la Fonderie, fait réaliser l'étude : schéma d'ensemble, plan du lavoir, plan de la canalisation qui part de la forerie n°3 et suit le chemin de Vaugeline jusqu'au village, devis estimatif et répartition du financement.

 

[1] Renaud (et) ?, V Rossignol, Pérot Gabriel, Parachon, Badaud ?, Boilevin F, Gâcon, Brau ?, Giraud ?, Bouyer, Albert Lemé (l'aîné) ?, Mercier, Baylet ?, Texier, Rougier, Pasquet, Ernest Rollet, Lerme, Berthomé, Moreau, Noury, Favraud, Brumaud, Ramonet ?, Thibault, Basset, Caulie ?, Dumoussaud, Duprilot, Reigner Jean, H Gorce, J Raymond, Picard, Soumagne, Lebon Pierre, Ducros ?, Deslorière, Albert, illisible, Montauzon, Ramonnet.

La ligne bleue longeant le chemin de Vaugeline puis le chemin du Bourg (actuelle rue E. Roux) représente la conduite d'eau partant de la forerie n°3.
La ligne bleue longeant le chemin de Vaugeline puis le chemin du Bourg (actuelle rue E. Roux) représente la conduite d'eau partant de la forerie n°3.

 

          Selon une note du 2 août 1897 le montant du devis atteint 3700 francs dont 2500 à la charge de la Marine et 1200 francs pour la commune ; à la Marine incombe l'installation, à la forerie n°3, d'une pompe à 4 pistons débitant 42 litres à la minute, la fourniture de 560m de tuyauterie ; la commune, prend en charge les travaux de terrassement, l'aménagement du lavoir et du canal d'évacuation. En ce qui concerne le fonctionnement, la Fonderie sera dispensée de fournir de l'eau aux jours et heures de chômage de la forerie, elle entretiendra la pompe et la canalisation ; la commune aura en charge l'entretien du lavoir et de la borne fontaine.

 

Vestige de la borne fontaine installée sur la canalisation, face à la rue de l'Union (Photo avril 2019)
Vestige de la borne fontaine installée sur la canalisation, face à la rue de l'Union (Photo avril 2019)

 

Sur le plan ci-contre, entre la  grange et le lavoir à construire, apparaît le petit lavoir intermittent alimenté par les eaux d'écoulement des terres.

 

          Le 3 octobre 1897 le conseil accepte la convention avec le ministre de la Marine et vote la subvention de 1200 francs, mais la somme ne pourra être recouvrée et versée qu'en 1898. Or une instruction du ministre précise que la mise en train des travaux est subordonnée au versement de la subvention de 1200f au Trésor, le récépissé du versement étant à adresser au ministère sous couvert du Directeur de la Fonderie. Craindrait-on un revirement ou des tergiversations de la part du conseil municipal, comme pour le champ de foire ? Les habitants de Vaugeline, directement intéressés par la question, décident de faciliter la résolution du problème: par une pétition du 18 novembre 1897, afin de gagner un an, ils proposent de faire l'avance, sans intérêt, des 1200f. à la commune. En complément de justification, ils mettent en avant qu'ils n'ont que deux puits pour l'eau potable et que pour les animaux, ils doivent aller chercher de l'eau à la Touvre avec des tonneaux. La somme serait répartie entre les propriétaires des maisons, au prorata du nombre de personnes logées : Rossignol P (162,72f), J Moreaud (27,12f), Pérot (94,92f) Basset (20,34f), Albert (61,02f), Parachon (40,68f), Bouyer (27,12f), Gâcon (13,56f), Montauzon (13,56f), Vergnaud (61,02f), Boulestin (27,12f), Boilevin (27,12f), Giraud (13,56f), Favraud (74,58f), Villedars (13,56f), Pasquet (27,12f), Belingard (27,12f), Veuve Rougier (20,34f), Brumeau (40,68f, Rodrigues (216,96f), Renaudet (27,12f), Pauthier (27,12f), Pasturaud (54,24f), Rollet (13,56f), Picard (13,56f), soit 6,78 francs par personne (et en conséquence 177 personnes dans le village). Le conseil municipal accepte l'offre, acceptation qui est entérinée par le préfet, celui-ci considérant que l'opération peut entrer dans la catégorie des emprunts (décembre 1897). L'avance faite par les habitants est versée au receveur le 6 mai 1898. Suite à quelques retards dans la répartition des crédits au ministère de la Marine, les travaux sont dits "sur le point de commencer" à la mi-septembre 1898. Enfin, le 10 janvier 1899, à l'occasion de l'achèvement des travaux, le maire envoie une lettre de remerciements au Directeur de la Fonderie.

          En 1905, il est décidé d'agrandir le lavoir : la commune achète à Jean Picard deux petites parcelles (+,+) de part et d'autre du lavoir, d'une superficie totale de 31,75 m², pour 63,50 francs, en limite du chemin vicinal n°5 allant du bourg à Vaugeline (acte du 10 mai 1905).

          Est-on satisfait après ces aménagements ?

          En février 1912, les habitants de Vaugeline se plaignent d'un manque d'eau dû au débit insuffisant et à la durée d'alimentation (seulement 8 heures). En outre, le ruisseau qui alimentait le lavoir en hiver a disparu et emprunte maintenant le déblai de la voie ferrée descendant du nouveau champ de tir en construction. Pourtant la Fonderie assume ses obligations: une lettre de l'ingénieur en chef, sous-directeur de la Fonderie, datée du 1er mai 1914, signale que le presse-étoupe de la pompe a été refait et que le débit est maintenant normal.

          De même, en février 1926, on demande que la Fonderie assure l'alimentation en eau du lavoir jusqu'à 20 heures "parce qu'avec l'heure légale, il n'y a plus d'eau à partir de 3h1/2", "que le village compte 22 vaches contre 6 en 1898, lors de l'établissement de la convention", et que "les ouvriers ayant de l'eau le soir, prendront plaisir à travailler leur jardin au lieu d'aller au cabaret".

 

Le lavoir de la Groye

 

          Une lettre dont les grandes lignes sont retracées ci-dessous, datée du 23 juin 1913 et envoyée par le Directeur de la Fonderie, Bourgoin, au maire de Ruelle qui sollicitait la réparation du chemin d'accès au lavoir (lettre du 11 juin) évoque une partie de son histoire : Le petit lavoir de la Groye et le petit chemin qui y conduit appartiennent à la Marine ; ils font partie des servitudes passives de la Fonderie mentionnées dans le PV du 13 octobre 1886 ; ce lavoir est employé aussi comme abreuvoir. Le chemin de la Groye et son abreuvoir existaient avant la création de la Fonderie et c'est dans ce chemin qu'avait été planté en 1777 une des bornes déterminant en aval, la partie des eaux propriété de l'usine selon les PV de bornage du 19 juillet et 24 juillet 1777. Depuis l'époque, la Fonderie s'est étendue au-delà du chemin qui s'est trouvé dans le jardin de la direction. Quand le jardin a été clôturé par un mur, le chemin a été rejeté au-delà sur un terrain appartenant à la Marine et le lavoir-abreuvoir a été rétabli à son extrémité. C'est en 1844 que la Fonderie s'est étendue au-delà du chemin : un terrain a été échangé avec Lalut en septembre 1844, le mur a été construit, incorporant l'ancien chemin et le lavoir aux jardins de la direction. Le public se servit du nouveau lavoir comme il se servait de l'ancien. Le lavoir et le chemin n'ont pas été cédés par la Marine à la commune et sont restés propriété de l'État.

          Toute réparation ou tout aménagement doit donc faire l'objet d'une demande de la commune auprès de la Fonderie. Ainsi, dans l'été 1913, pour donner suite à la demande du maire, la Fonderie a fait réparer le chemin. Mais un conseiller municipal a constaté qu'il a été employé des cailloux ou des pierres cassées trop gros, ce qui ne permet le passage ni des personnes ni des brouettes ; la commune souhaite qu'on étende par-dessus, des graviers ou du sable. Il a constaté aussi que le canal qui conduit les eaux à la rivière [1], le long du mur de la Fonderie, est découvert sur 1,50m et risque de se remplir de pierres et de terre.

 

[1] Eaux d'écoulement du secteur de la gare et de la Petite Vallée

 

Au second plan, le pont de chemin de fer de la Fonderie (carte postale des années 50).
Au second plan, le pont de chemin de fer de la Fonderie (carte postale des années 50).

 

Le lavoir du Maine Gagnaud

(ou lavoir en amont du Pont Neuf, ou grand lavoir du Pont Neuf, ou lavoir entre le pont de chemin de fer de la Fonderie et le Pont Neuf)

 

          Au bout du chemin conduisant du village du Maine Gagnaud à la Touvre s'étend une zone d'accès à l'eau, appelée le Port du Maine Gagnaud, où abordent les barques notamment celles des poissonniers exploitant des essacs de la Touvre ; mais c'est aussi un abreuvoir et un lavoir (voir plan ci-dessous). Jusqu'à la construction du Pont Neuf (1884), ce lavoir s'appelle lavoir du Maine Gagnaud.

          En août 1897, un riverain (E. Fradin) revendique la possession d'une partie du lavoir. Dans une lettre au maire, il signale qu'il est propriétaire d'un terrain joignant le lavoir public et qu'une partie de ce terrain "possède un droit riverain dans une longueur d'environ 2,50m à 3m" selon Mme Marsat, l'ancienne propriétaire ; ce droit découlerait du fait qu'il y a eu un abordage de bateaux à cet endroit. Il en tire la conclusion que cette petite largeur ne faisait pas partie du lavoir et, en conséquence, demande au maire de faire limiter le terrain communal et de l'autoriser à établir sur cette portion, un petit lavoir privé avec séparation du lavoir public. Après enquête auprès des habitants les plus âgés et examen de l'acte de vente, la commission municipale nommée en août se prononce contre la demande qui est alors rejetée par le conseil (3 octobre 1897).

 

                        Extrait d'un plan dressé en 1882.

 

          En août 1913, Lucien Fradin, conseiller municipal, rappelle que depuis 2 ans, les habitants ont demandé dans une pétition de déplacer le pavage vers le milieu de la rivière pour obtenir plus de profondeur, du courant et de l'eau propre. Le coût de l'opération ayant dû faire hésiter la municipalité, celle-ci se contente de demander à la Fonderie de faucarder les herbes et décide que "l'espèce de barrage au dessous de l'abreuvoir qui sert aux habitants à puiser de l'eau sera remplacé par des plaques en fonte formant passerelle" (mai 1914).

Le lavoir accolé au Pont Neuf

(ou petit lavoir du Pont Neuf, ou lavoir d'aval du Pont Neuf, ou lavoir des Ribéreaux, ou du Quartier Neuf)

 

          La Fonderie l'a transféré à cet endroit vers 1910 [Voir les lavoirs de Vaugeline], mais son aménagement ne donne pas satisfaction. Dans la séance d'août 1913, Fradin signale que les eaux de pluie et de lavage stagnent auprès des pierres à savonner dont la couche de ciment doit être refaite pour protéger le linge et les mains. Il ajoute que la bordure du trottoir doit être abaissée pour permettre un accès facile aux brouettes, que le plan incliné qui mène du pont au lavoir doit être adouci et surtout qu'il faut réduire la trop grande pente du pavage qui a entraîné des chutes.

          En mai 1914, il est décidé de reprendre le pavage du lavoir et de prolonger de 2m le chemin d'accès afin d'en diminuer la pente. Mais la guerre arrive avant que les travaux soient réalisés et en juin 1928 on retrouve la demande de modification du lavoir dont "la pente trop rapide" est dangereuse.

 

Le lavoir du Quai militaire

 

          L'accroissement de la population et l'extension des zones bâties nécessitent la construction de lavoirs supplémentaires comme il apparaît dans une lettre [1] des habitants demeurant entre le passage à niveau et Bel-air. Ceux-ci demandent l'établissement d'un lavoir près de la route nationale 141 qui serait alimenté par les eaux pluviales qui descendent de la vallée (la Grande Vallée) et traversent la nationale par un aqueduc couvert. Le quartier de Bel-air compte 120 habitants, il y en a autant dans la partie haute du Maine Gagnaud, or la distance qui les sépare du lavoir du Maine Gagnaud (en amont du Pont Neuf) est grande. Pendant quatre mois de l'année un ruisseau coule inutilement. Il suffirait d'acheter quelques m² pour établir un lavoir en bordure de la 141, ce qui permettrait de laver commodément pendant un tiers de l'année sans encombrer le lavoir du Maine Gagnaud qui est déjà trop petit. Ils ajoutent que le village de Vaugeline bénéficie depuis longtemps d'un bassin et d'un puits communal, que le bassin alimenté par les eaux pluviales coulant des pentes avoisinantes, est à sec assez longtemps. Suivent 44 signatures.

          Au conseil du 8 novembre 1896, Pierre Albert, signale que la demande avait été faite lors de la mandature précédente mais n'avait pas abouti parce que le lavoir serait alimenté pendant peu de temps. Une commission est nommée (Reffaud, Tallon, Roland) pour étudier la question. Celle-ci présente son projet à la séance du 17 janvier 1897 : le lavoir serait placé au lieu-dit la Grande Vallée presque à l'angle de la voie d'accès du quai d'embarquement et du chemin latéral au chemin de fer, à l'extrémité des parcelles de terrain limitées au nord par le pré de Mme veuve Albert, parcelles appartenant à MM. Thuault, Banlin, Roland et Amiaud ; ces propriétaires s'engagent à céder une bande de terrain de 6m de largeur au prix de 94 centimes le m², avec réserve d'un droit de passage sur le terrain vendu pour se rendre à la parcelle qui leur reste, à partir de la voie d'accès au quai militaire, plus une indemnité de 29f à M. Thuault pour le dédommager des frais de mise en culture de la partie vendue à la commune. Le devis s'élève à 500f pour l'acquisition du terrain, les travaux et les imprévus. La servitude de passage est jugée peu importante car ne concerne que des piétons ; sa largeur sera limitée à 1,30m et le lavoir disposé en conséquence. Il sera accolé à un fossé servant à l'écoulement des eaux pluviales; celles-ci arriveront dans un premier bassin où se déposeront les matières terreuses. Quant aux eaux issues du lavoir, elles rejoindront le fossé initial. Le conseil approuve le projet et vote un crédit de 500f sur les fonds libres de 1896.

          Le 5 février 1897, le préfet ordonne une enquête publique à la mairie (du 21 au 28 février) et désigne comme commissaire enquêteur le maire de L'Isle d'Espagnac qui devra envoyer le dossier, après clôture de l'enquête, le 1er mars. Tout semble aller pour le mieux quand, début mars, après l'envoi du dossier d'enquête publique à la préfecture, arrive à la mairie, une pétition contre l'emplacement choisi, signée de 29 personnes qui souhaitent que le lavoir soit près de la route de Limoges. Elles proposent de fournir un emplacement aux mêmes conditions de prix (41 signatures ont été récoltées) sur le terrain de M. Robert et ont même lancé une souscription. La commission avait d'abord retenu cet emplacement, mais avait l'abandonné à cause des prétentions trop élevées sur le prix du terrain ; elle ne voit aucun inconvénient au choix du nouvel emplacement mais refuse la souscription qui donnerait des droits à certains utilisateurs. Finalement, le conseil décide de maintenir sa première décision, et regrette que les pétitionnaires ne se soient pas manifestés au moment de l'enquête.

[1] Lettre sans date, antérieure à la construction de la conduite d'eau alimentant le lavoir de Vaugeline, envoyée entre l'installation du conseil en mai 1896 et sa réunion de novembre 1896 ; une demande avait déjà été envoyée durant le mandat municipal de 1892-96.

 

Un arrêté et une lettre du préfet du 31mars 1897 autorisent l'acquisition des terrains selon les prix et les conditions des promesses de vente (228,26francs, droit de passage et indemnité) et précisent que le plan et le devis ont été acceptés par le Conseil des bâtiments civils (262,89f) soit 491,15f au total.

 

En août sont signés les actes de vente avec Jean Roland contremaître à la Fonderie (55,50m²), Antoine Thuault ouvrier à la Fonderie (53,28m²), Louis Amiaud marchand de bois (59,40m²), Jean Banlin tourneur (43,80m²), le tout formant un rectangle de 6m sur 35,33m.

 

On décide de faire les travaux avant les pluies d'hiver. Deux entrepreneurs de Ruelle remettent une soumission le 19 septembre : Louis Dazat propose un rabais de 1% sur le montant du devis et Jean Dubois une augmentation de 25% (il est évident qu'il ne veut pas du marché). Le montant des travaux, soit 262,89 francs, comprend 12 francs pour une pierre à savonner, 210f pour la réalisation du bassin, 15f pour le jointage au ciment… Les travaux doivent être terminés pour le 25 octobre 1897. En fait, il y eut 42,50f de travaux supplémentaires.

 

 

Le lavoir des Seguins

 

          Ce lavoir est situé au Grand Port des Seguins [1]. En 1882, il bénéficie d'aménagements, car le conseil municipal vote une somme de 25 francs qui s'ajoute aux 56 francs de la souscription des habitants du village afin de couvrir les dépenses.

           À l'automne de 1897, une pétition regroupant 72 signatures critique la construction du lavoir du quai militaire qui n'aura pas d'eau une partie de l'année ; en conséquence les habitants de Bel-Air viendront aux Seguins. Or le lavoir nécessite un réaménagement: il est bordé par les murs des réservoirs des riverains (F.Robert et les frères Pinasseau) et se trouve en retrait de 5 mètres du courant, ce qui empêche une évacuation correcte des eaux sales. Au conseil de novembre 1897, une commission (Pierre Rossignol, Antoine Charbonnaud, Jean Reffaud, Pierre Albert) est chargée d'étudier la question. Le projet élaboré soulève les protestations des riverains (F. Robert, Pinasseau Armand et Adrien) qui s'estiment lésés pour l'alimentation de leurs réservoirs.

          Un deuxième projet qui prend en compte leurs remarques, est approuvé en novembre 1898, mais les modifications portent le coût de 300 francs à 550. L'ancien lavoir sera détruit, un nouveau sera construit en avant, au niveau de l'extrémité des murs.

 

[1] Grand Port : à l'extrémité de la rue de la Marne et de la passerelle.

      Petit Port : à l'extrémité de l'impasse des Flandres (et départ de la 1ère passerelle).

 

         En mars 1899, le marché passé avec Charrin fils, entrepreneur demeurant au village du Pont à Ruelle qui a consenti un rabais de 4%, est approuvé par le préfet.

          Mais le plan a-t-il été mal fait ? L'entrepreneur l'a-t-il mal lu ? A-t-il mal exécuté les travaux ? Le 4 août 1899, Robert, par une lettre au maire, signale que le canal d'alimentation qui aboutit à son réservoir doit avoir une largeur minimum de 90cm, or en certains endroits la partie supérieure n'a que 84cm et 75 cm seulement à son point de jonction avec le canal du réservoir de Pinasseau. Le 16 août, Charrin transmet le coût des travaux demandés par Robert, soit 48f et précise que refaire le radier ne coûtera pas plus cher que de le retailler.

          Les travaux sont terminés le 31 décembre ; la facture, comprenant en plus de la reconstruction du lavoir, la réfection du canal et du mur des frères Pinasseau, mais incluant aussi la réparation du caniveau allant à la passerelle [1], s'élève à 702,22f (731,47f- 4%). Un acompte de 550f correspondant au devis initial est versé en janvier 1900, en attendant la réception définitive qui a lieu le 14 mars suivant, à 11 heures, en présence du maire, Antoine Pontaillier, de Pierre Rossignol, Antoine Charbonnaud et Pierre Albert, conseillers municipaux chargés de la surveillance des travaux, et de l'adjudicataire, Charrin fils ; les travaux ont été reconnus bien exécutés.

 

[1] Il s'agit de l'ancienne passerelle allant du lavoir de Fissac au Petit Port des Seguins.

 

Le lavoir des Seguins près des aciéries [Près de la base de canoë]

 

En novembre 1913, est projeté d'édifier un lavoir entre le Maine Gagnaud et les Seguins, sur le terrain de Biget au bord de la Touvre, ce qui permettra de décongestionner le lavoir des Seguins. L'acquisition du Parc du Maine Gagnaud, comprenant les parcelles Biget, pour l'extension de la Fonderie lors de la 1ère guerre mondiale, va placer le lavoir, près des aciéries, presque en face du logis de Fissac.

 

Les lavoirs de la rive droite en aval de la Fonderie

 

- Le lavoir de la Terrière

Sans doute aussi ancien que le village, il n'apparaît dans les archives qu'en novembre 1888, pour des réparations d'un montant de 50 francs. Il était situé en amont des moulins, près du départ du canal alimentant les moulins de Fissac (moulins Albert et Guimard), et de sa jonction avec le canal dit de la Terrière (ou canal Beirand) qui traversait le pré des Ribérauds.

 

 

Extrait d'un plan de 1777, repris ultérieurement (la mention "commune de Ruelle" ne peut être que postérieure à 1789, de même que l'échelle exprimée en mètres). Le lavoir se situait en amont des moulins (vraisemblablement dans l'échancrure de la rive). Apparaissent nettement le canal Beirand, la chaussée des moulins, les essacs.

           Pour s'agrandir, notamment lors de la 1ère guerre mondiale, la Fonderie a acheté une partie du pré et remblayé le canal dans le secteur acquis ; mais au-delà de la limite de la Fonderie et jusqu'au lavoir, les eaux stagnent dans la partie restante, dégageant de mauvaises odeurs. À l'automne 1919, malgré la demande de la municipalité, la Fonderie refuse de combler la portion de canal qui ne lui appartient pas.

 

 

Partie du canal encore visible actuellement. Au milieu du XIXème siècle, Jacques Beirand, juge de paix à Angoulême, détenait une partie des terres ayant appartenu au seigneur de Fissac avant la Révolution ; il avait épousé (1834) Jeanne Trémeau de Fissac (née en 1815 et sœur de Pierre Sébastien Trémeau, père de Mme veuve Hériard).

- Le petit lavoir de Fissac

Sa création est postérieure à la construction de la passerelle, c'est-à-dire postérieure à 1911, puisqu'il est sur le terrain acheté à Mme veuve Hériard pour l'établissement du chemin prolongeant la passerelle.

 

- Le lavoir de Fissac

C'était aussi le port de Fissac; de là partait la 1ère passerelle construite entre Fissac et les Seguins et qui fut en service de 1892 à 1911. L'état du lavoir laissait à désirer car, en août 1919, François Nalbert demande qu'il soit pavé.

 

- Le lavoir de chez Tendry

Il n'apparaît dans le registre des délibérations qu'en févier 1887 avec la nomination d'une commission pour examiner les travaux de réparation.

 

Le lavoir de la Fontaine des Riffauds

 

          Au conseil de novembre 1856, il est rapporté que la Fontaine des Riffauds qui fournit l'eau au village des Riffauds comptant 60 feux, nécessite une remise en état. Quant au lavoir, il a besoin d'être restauré tant "il est usé" ; mais aussi d'être protégé par une muraille d'enceinte contre les terres qui l'environnent de tous côtés et dont la chute journalière l'encombre de boue et de graviers. Seulement la municipalité n'a pas d'argent, comme d'habitude, et sollicite auprès du préfet un secours de 50 francs qui suffirait, avec une participation communale à couvrir la dépense. Le préfet répond qu'il ne dispose pas de fonds pour ce type de dépense et même met en garde le conseil contre l'éventuelle utilisation de prestations en nature qui sont réservées à la vicinalité [1].

 

[1] À cette époque, les propriétaires devaient 3 journées de prestations en nature réparties entre les chemins de grande communication (équivalent des grandes routes départementales), de moyenne communication (chemins d'intérêt commun) et de petite communication (chemins vicinaux).

 

Le lavoir de la Petite Fontaine des Riffauds

 

          Cette petite fontaine, située au bas du versant, à droite du chemin conduisant de la grande fontaine au village des Riffauds, est une propriété privée jusqu'en 1905. Cette année-là, les époux La Salmonie-Mesnard et Guyot-Dulac cèdent gratuitement à la commune la fontaine et le petit lavoir situés à l'extrémité de leurs parcelles respectives. Le conseil accepte le legs dans sa séance du 5 juin 1905. La commune devenue propriétaire prend donc en charge l'aménagement et l'entretien des lieux.

 

Le lavoir de la Ponche

 

          Dans une lettre du 27 août 1898, L Dumoussaud et 13 co-signataires signalent qu'il existe, entre la Nationale 141 et le chemin de la Messe, dans un pré à proximité du nouveau quartier qui s'est développé sur la route de Limoges au-delà du cimetière, une source, la Fontaine des Prés, qui pourrait être avantageusement utilisée pour établir un petit lavoir, car les habitations sont assez éloignées de la Touvre. Le conseil nomme une commission.

          En août 1901, Dumoussaud et ses voisins demandent à nouveau la construction d'un lavoir à la Fontaine des Près ; le conseil décide alors de compléter l'étude des frais à engager. En novembre 1902, le projet se précise : le lavoir occuperait 42 m² sur le terrain de Tardieu et il faudrait acheter en plus 160m² pour le chemin d'accès à prendre sur Tétaud et Arrondeau; à raison de 5f le m² (prix demandé par Tardieu et Tétaud), le coût d'achat du terrain s'élèverait à 1010f. Vu le montant élevé et que Arrondeau n'a pas été entendu, le conseil décide d'ajourner momentanément la question. Dans une lettre de mai 1903, Arrondeau (qui avait oublié de répondre plus tôt), considère que son terrain est un terrain à bâtir ; il se réserve en outre le droit de ménager des ouvertures sur le chemin d'accès au lavoir, s'il fait construire.

          La question refait surface en 1907 ; la municipalité a changé, les prix ont été revus à la baisse mais Arrondeau, instituteur à Bouex, demande 3,125f le m² quand d'autres se contenteraient de 1,125f (Charbonnaud propose une parcelle entre Tardieu et Dubois à ce prix, le 2 mai 1907). Dans sa réponse à Arrondeau, le maire montre son étonnement et sa déception: il pensait que celui-ci allait aider à réaliser un projet déjà ancien, alors qu'en demandant un prix exagéré, il va provoquer son abandon. Le 26 mai 1907, le Conseil porte, pour la forme, la somme de 100f au budget additionnel de 1907 et décide de s'occuper de la question quand les propriétaires voudront bien céder le terrain nécessaire à l'accès, à un prix raisonnable.

En juillet 1909, Laurent Delin, conseiller municipal, demande qu'une solution favorable soit donnée à ce projet de lavoir, mais le maire rappelle qu'un des propriétaires est trop "récalcitrant" et qu'il faut voir les autres pour essayer de s'entendre. Puis plus rien n'apparaît dans le registre des délibérations.

          Pourtant un lavoir est construit dans le quartier, vraisemblablement à un autre emplacement que celui prévu initialement. Il était situé au bord du Chemin de la Ponche, à l'entrée du passage qui, entre deux habitations, conduit au Bac du Chien, près de la bifurcation "Chemin de la Ponche-Impasse de la Ponche". Pour alimenter le bassin rectangulaire, le ruisseau avait été détourné, suivait une partie du chemin d'exploitation (devenu impasse de la Ponche) et après avoir traversé le bassin, repartait à angle droit rejoindre son cours actuel. À cette époque-là aucune habitation n'avait été construite au sud du chemin de la Ponche. Ce lavoir à ciel ouvert ne servait que lorsque le Bac du Chien avait de l'eau.

 

Demandes sans suite

 

Le lavoir de la Vergnade

Dès avril 1898, le maire souhaite construire un lavoir près de la passerelle envisagée entre le Bourg et Relette. En novembre 1898 une pétition comportant 89 signatures d'habitants du Bourg et du Maine Charny réclame d'une part l'établissement d'une voie assez large entre le chemin du bourg et celui de la Vergnade pour la communication entre le quartier du Champ de foire et la future passerelle et, d'autre part, la construction de lavoirs à la Vergnade, de chaque côté de la passerelle, parce qu'il n'y a pas suffisamment de places aux lavoirs du Bourg et que celui du Pont (rive droite) n'a pas assez d'eau. La passerelle n'étant qu'à l'état de projet, le conseil ajourne sa décision (février 1899).

La passerelle entre en service en décembre 1902, mais on a un peu oublié les lavoirs. La question redevient d'actualité quand Guinard fait construire un mur de chaque côté de la culée de la passerelle au début de 1905 et que la commission des travaux du conseil relance le projet de lavoir (septembre 1905).

Le problème ne se règle qu'en 1907, avec la nouvelle municipalité. Comme Guinard reste propriétaire au-delà de la culée et que l'accès à la Touvre est interdit par une grille fixe d'un côté et une partie mobile fermant à clef de l'autre, le projet tombe à l'eau.

 

Le "lavoir Tétaud"

L'existence de ce lavoir est révélée par une lettre d'habitants du Bourg, envoyée au maire le 26 février 1903 : "À l'extrémité du chemin qui conduit au réservoir de M.Tétaud et antérieurement à la construction de ce réservoir, il existait un abreuvoir et un lavoir à l'usage des habitants du bourg. Le lavoir et l'abreuvoir sur une moitié de la largeur ont été supprimés par la famille Tétaud quand elle a fait construire le réservoir qui appartient aujourd'hui à Hugues Tétaud. Cette famille a pris en pleine propriété la moitié du terrain frappé de servitudes au profit des habitants du bourg. L'autre moitié confrontant au jardin de M.Pasturaud est restée libre assez longtemps après la construction du réservoir, mais depuis une dizaine d'années, le fermier du jardin de M. Pasturaud a clôturé le terrain. Il en résulte que l'accès à la rivière est complètement fermé… Le plan cadastral indique une servitude de passage jusqu'à la rivière sur les parcelles de MM Tétaud et Pasturaud. Nous venons vous prier de vouloir bien faire des démarches auprès des intéressés pour obtenir le rétablissement de la servitude du passage… Comme M.Tétaud ne consentira pas à démolir le mur de son réservoir pour restituer le terrain qu'il a pris et frappé de servitude, il paraît juste qu'il paie une indemnité pour rétablir dans l'autre partie, la servitude que nous sommes équitablement en droit de demander, et à l'appui de notre démarche, nous faisons remarquer à M.Tétaud que la propriété ne doit pas, à notre avis, s'acquérir par prescription, en préjudice d'autrui. Si M.Tétaud fait des difficultés pour nous donner satisfaction, nous demandons à user des mêmes droits que lui, et pour ne pas gêner les premiers propriétaires à l'entrée du chemin, nous soussignés, Brochet et Suraud, commencerons par prendre possession de notre terrain et dans ce cas, M.Tétaud subira les mêmes procédés irréguliers qu'il impose lui-même actuellement à autrui. Nous demandons aussi que M.Tétaud contribue également à l'entretien du chemin qui conduit à son réservoir, comme tous les riverains l'ont fait et qu'il y conduise pour sa part 2 mètres cubes de gravier. Dans l'espoir que vous voudrez bien… signatures : Amiot, Sureau, Brochet, P.Coussy, Dervaud, A.Charbonnaud, Mandinaud, Valette, A.Roy, Coupillaud, Suraud ou Lairaud ?, Durand, A.Chapuzet, A.Rocher, C.Tardieu, Rocher P, A.Boulette, illisible."

          Cette lettre qui voulait réactiver une servitude tombée en désuétude, est restée sans suite. Ce "lavoir-abreuvoir" était situé à l'extrémité du Chemin des Jardins qui ne rejoint plus directement la Touvre. 

Transcription d'un croquis sommaire accompagnant la lettre
Transcription d'un croquis sommaire accompagnant la lettre
Le cul-de-sac du Chemin des Jardins en 2015
Le cul-de-sac du Chemin des Jardins en 2015

Les lavoirs depuis la fin des années 20 : de la couverture à la désaffecTAtion

 

Les premiers lavoirs couverts (Chez Vantenat, Terre-plein, Pont Neuf, Fissac, Les Seguins)

          Les laveuses souhaitent pouvoir continuer leur travail même par mauvais temps, aussi réclament-elles que les lavoirs soient couverts. La commission nommée en 1910 décide de faire une étude d'ensemble mais qui précise la dépense pour chacun. En février 1911, le conseil examine les plans et le devis pour le lavoir du Pont (rive droite) qui s'élève à 2667f. Mais les ressources de la commune ne permettent pas de supporter les travaux! Cependant la commission doit continuer les études pour les autres lavoirs et une somme de 1500f est portée au budget additionnel de 1910, pour commencer les travaux dans les meilleurs délais et en choisissant 3 lavoirs, dont un dans chaque quartier de la commune.

          En juillet 1914, la question refait surface. La commission des travaux décide de couvrir certains lavoirs : les 2 du Pont Neuf, celui du Pont près de la demeure Augry [1], deux au bourg (près du moulin et Vantenat), la Fontaine des Riffauds et Vaugeline. Ne seront pas couverts ceux de chez Tendry, de Fissac, des Seguins, du Pont (près de l'entrée de la Fonderie), du Bourg (près de chez Dervaud), pour des raisons d'esthétique, de configuration ou parce qu'ils servent d'abreuvoirs.

          Mais la guerre vient enterrer la décision et on ne reparle de la construction d'un lavoir couvert qu'en 1924 : on envisage, à titre d'essai, celui du Pont Neuf, face aux nouvelles grandes forges [2]. Mais l'éventualité n'entre pas dans la phase de concrétisation. La municipalité élue en mai 1929 avait mis à son programme la construction de lavoirs couverts, question en suspens depuis 20 ans. L'édification de la nouvelle poste arrivant à son terme, on demande à l'architecte départemental, Roger Baleix, d'établir les devis et les cahiers des charges pour la remise en état et la couverture des lavoirs de chez Vantenat, du Terre-plein (rive droite), du Pont Neuf (amont), de Fissac, des Seguins. Pour celui du Quartier Neuf (ou des Ribérauds), on envisage seulement de refaire le plan incliné dont la pente est dangereuse.

 

Devis des travaux

          Terre-plein           18.865,20f

          Chez Ventenat          19.266,50f

          Pont-neuf          13.950,00f

          Fissac            7.877,00f

          Les Seguins           9.047,00f

          Remise en état de celui du Quartier Neuf          3.000,00f

          Total          72.005,70f

          Honoraires et imprévus          5.994,30f

          Total général          78.000,00f

 

          Le conseil accepte les propositions de l'architecte et vote un emprunt de 78.000 francs, en septembre 1930. L'adjudication des travaux a lieu le 16 novembre 1930, à 10 heures, à la mairie de Ruelle, en présence du maire Jean Antoine, de deux conseillers municipaux, du percepteur receveur municipal, de l'architecte départemental. Les cinq soumissionnaires proposent des rabais allant de 2 à 7%, mais 2 entreprises font le même rabais de 7%. Comme elles s'en tiennent à leur proposition, il faut procéder à un tirage au sort qui désigne l'entrepreneur Adrien Lacroix d'Angoulême. Des pourparlers étant engagés avec la Fonderie pour qu'elle procède à la réfection du lavoir du Quartier Neuf, il est convenu de distraire les 3000 francs prévus.

 

          Les travaux sont terminés au début de 1932 et comme d'habitude leur montant dépasse les prévisions, en raison d'imprévus ou de demandes d'aménagements supplémentaires :

 

Décompte des travaux exécutés

          Terre-plein          21.193,44f

          Pont-neuf          23.315,64f

          Les Seguins          8.887,22f

          Chez Ventenat          20.953,80f

          Fissac          10.221,40f

          Total          86.571,50f

          rabais 7%          5.920,00f

          Total général          78.651,50f

Ces lavoirs sont en béton armé : piliers et toiture en terrasse ; certains recevront ultérieurement une couverture de tuiles (Les Seguins).

 

[1] Rive droite.

[2] Lavoir d'amont, entre le pont de chemin de fer de la Fonderie et le Pont Neuf.

Lavoir accolé au Pont Neuf (ou dit du Quartier Neuf)
Lavoir accolé au Pont Neuf (ou dit du Quartier Neuf)
Grand lavoir de Fissac.
Grand lavoir de Fissac.
Le lavoir des Seguins, couvert de tuiles, au bout de la passerelle.
Le lavoir des Seguins, couvert de tuiles, au bout de la passerelle.
Lavoir en amont du Pont Neuf ou dit du Maine Gagnaud.
Lavoir en amont du Pont Neuf ou dit du Maine Gagnaud.

 

L'entretien des lavoirs

 

Le lavoir de la Camoche (ou de Fourville) a vu sa fréquentation se développer avec la construction de la cité de la Vesingade pendant la 1ère guerre mondiale. En septembre 1929, il apparaît nécessaire de le réaménager ; une somme de 700 francs semble indispensable, mais on envisage d'en demander la moitié à la commune de Touvre, en raison de la proximité du village de Fourville. Un an plus tard, la réfection n'a toujours pas été faite, sous prétexte que la commune de Touvre n'a pas répondu à la lettre envoyée le 28 septembre 1929. Enfin en mars 1932 on décide de consacrer 600f au pavage de ce lavoir.

 

Le lavoir du Pont (rive droite) qui vient d'être couvert a une alimentation en eau défectueuse. En octobre 1941, on décide de le nettoyer et d'améliorer le système d'écoulement. En mars 1942, on vote même un crédit de 20.000f pour construire un collecteur d'alimentation. Le projet présenté en mai 1942, par Félix Gourmelen, géomètre expert, dépasse la somme de 40.000 francs (honoraires compris). Mais le 20 juin le problème est résolu : il est décidé de surseoir à l'exécution du collecteur d'arrivée d'eau en raison de la circulaire préfectorale concernant les travaux ne présentant pas un caractère de première nécessité. Il n'y a pas d'argent ! Après la guerre on ne reprendra pas la question.

 

A l'arrière-plan, à gauche du bâtiment des bains-douches, apparaît la toiture du lavoir.
A l'arrière-plan, à gauche du bâtiment des bains-douches, apparaît la toiture du lavoir.

 

La fontaine des Arnauds est utilisée par les habitants des Arnauds, commune de Ruelle, mais aussi par ceux des Gentils, commune de Mornac ; or elle est située sur Mornac, à l'est du chemin qui sert de limite entre les deux communes. En novembre 1913, le conseil de Ruelle demande l'aménagement d'un lavoir en commun avec Mornac ; il a vraisemblablement été réalisé après la guerre de 1914-18, car déjà en juillet 1914, un conseiller demandait que "le lavoir des Arnauds" soit réparé [1]. Ruelle participe à son entretien: ainsi la commune vote une subvention de 60.000f en décembre 1954 pour sa réfection. Dans la période, des crédits sont attribués à l'entretien des lavoirs du Bourg (Vantenat : 1400f en 1932 ; le Port : 200f en 1933 ; 4000f en 1945 pour l'ensemble ; lavoir du moulin : 16000f en 1949), de Vaugeline (1020f en 1931 ; 16000f en 1945).

On signale la nécessité de réparer celui des Seguins près des aciéries (1930) de chez Tendry (1954). En février 1956, on constate que l'enveloppe prévue pour l'entretien des lavoirs a été largement dépassée, sans doute en raison de la couverture de celui de Vaugeline.

 

Les dernières couvertures de lavoirs

          En juillet 1932, la couverture du lavoir de la Fontaine des Riffauds estimée à 7300f est remise à plus tard ; elle ne sera jamais réalisée. En février 1937 est mise à l'étude la couverture du lavoir des Ribérauds, et en novembre de la même année celle du lavoir devant la Fonderie au moyen du prolongement du terre-plein au-dessus du plan incliné. Là encore, les projets restent sans suite. En 1954 est étudié le cas du lavoir de Vaugeline. En décembre, le marché est passé avec l'entreprise Guinier et la réalisation se déroule en 1955. Mais il a fallu prévoir une rallonge, des travaux supplémentaires ayant été nécessaires au niveau des fondations et pour agrandir la toiture au-dessus des pierres à savonner.

 

[1] Il ne peut s'agir que de l'ancien lavoir.

 

           Le lavoir de chez Tendry était en très mauvais état. En novembre 1958, le conseil décide de vendre une remise et une petite grange, partie détachée d'un bien qui a été vendu aux PTT en 1957. Le produit de la vente (estimé à 400.000f) doit être utilisé pour construire un lavoir couvert en béton armé, chez Tendry. Dans les semaines qui suivent une pétition des habitants du quartier de Villement réclame un lavoir abrité sur la Touvre, car ils ne disposent que d'un lavoir privé en mauvais état. Le conseil élude la question, en février 1959, en indiquant qu'il ne possède pas de terrain dans le secteur. Mais, chez Tendry, le lavoir couvert en béton est construit à l'extrémité du chemin qui conduit de la route du Gond-Pontouvre à la Touvre. Il est fermé sur trois côtés ; la table à savonner, près de l'entrée, occupe le milieu de la partie haute du plan incliné.

 

          On peut s'étonner que des dépenses aussi importantes aient été engagées à une époque où les lavoirs perdaient de leur intérêt, de plus en plus de ménages s'équipant d'une machine à laver le linge. Mais il s'agissait de revendications anciennes ayant presque un caractère identitaire pour les villages !

 

Vers la désaffectation et la disparition

 

Le lavoir Tallon, près du quai d'embarquement : dès 1948 on envisage de louer le petit jardin du lavoir et en 1956, lavoir et terrain sont vendus.

 

Le lavoir du terre-plein rive gauche : en avril 1965, la commune décide d'agrandir le terre-plein en supprimant le retour d'angle ; pour cela il faut remblayer la partie du lavoir appartenant à Ruelle. Le conseil de Magnac dont l'avis a été sollicité, donne son accord sous réserve qu'un petit lavoir avec pierre à savonner soit aménagé dans la partie restante. Lors de l'agrandissement du terre-plein, en 1983, le lavoir qui n'est plus utilisé, finit de disparaître.

 

Le lavoir du terre-plein rive droite : les vases et détritus continuent de s'accumuler dans le chenal d'alimentation en eau; en avril 1966, on en vient à se demander s'il ne conviendrait pas d'envisager un remblaiement total et par conséquent de supprimer le lavoir. En octobre 1967 on décide de transformer le lavoir en marché aux poissons et d'aménager un petit lavoir. Mais en décembre, en raison du coût, on revoit le projet. Le lavoir n'est plus utilisé que par une ou deux laveuses qui peuvent utiliser celui de l'autre côté du pont ; la construction d'un petit lavoir serait une dépense inutile. Les travaux vont apporter une amélioration de la salubrité en supprimant un amoncellement de vases nauséabondes et une amélioration de l'hygiène alimentaire par la création d'une halle aux poissons. Au début de 1968, le lavoir a donc disparu.

 

En 1968, le lavoir des Seguins près des aciéries est utilisé comme abri, par le club de canoë de l'Université Populaire. Cette utilisation ne dure que très peu d'années, le club cessant d'exister.

 

Photo prise en 1990. Le lavoir, en bas, à droite, possède encore sa couverture. Les aciéries sont en cours de démolition.

 

 

Le lavoir de Vaugeline n'étant plus utilisé, la DCN cesse de l'alimenter en eau à compter du début de 2002 et la démolition intervient en 2003, en raison de la dégradation de la structure.

 

Quant au lavoir de chez Tendry, sa destruction pour des raisons de sécurité, a lieu en décembre 2013.

 

Avec les changements de mode de vie, le développement des appareils électroménagers et notamment du lave-linge, l'évolution des matières textiles, les lavoirs vont cesser d'être fréquentés dans les années 60-70. Se pose alors la question de leur entretien. Faut-il maintenir en état des lieux qui ne servent plus ? Il a été choisi de privilégier la sécurité : les structures dont la dégradation entraînait un danger ont été partiellement voire totalement supprimées. Il faut reconnaître qu'aucun lavoir ne possédait une valeur esthétique exceptionnelle.

 

Que subsiste-t-il des lavoirs en 2015


- Lavoir de la Camoche : il ne reste plus rien, le chemin d'accès a même disparu.

- Lavoir Vantenat : un plan incliné à ressauts, cimenté, avec deux tables à savonner en ciment (1), près du confluent avec le Bac du Chien (2) ‚; lieux appréciés des cygnes et des canards.

 


- Lavoir des moulins : un plan incliné pavé; 3 supports en pierre d'une table à savonner dont le plateau a disparu (mais un banc en pierre a été rajouté) ; un mur (environ 1,30m de hauteur) le sépare d'un accès cimenté à la Touvre (pour les barques ?) qui a du faire partie du lavoir antérieurement. (3)

- Lavoir rue du Port : un plan incliné cimenté à ressauts avec une table à savonner en ciment. (4)

 


- Lavoir du Bac du Chien : la pente d'accès et le trottoir sont goudronnés mais commencent à être envahis par la végétation ; plus de plan incliné pavé. (5)…

- Lavoir du Pont rive droite : transformé en halle aux poissons en 1967, il ne reste qu'une petite partie de la halle qui sert à ranger les poubelles après le marché, mais plus rien du bassin dont l'emplacement est occupé par la fontaine Saint-Jacques, l'accès au jardin d'un riverain et le parking. (6)

†


- Lavoir du Pont rive gauche : la partie du plan incliné descendant à la Touvre, qui a été goudronnée et qui sert de parking, est située sur Magnac ; la partie appartenant à Ruelle est recouverte par l'extension du terre-plein. (7)‡

- Lavoir de la Groye : deux tables à savonner en pierre occupent l'extrémité d'un trottoir en ciment ; en dessous, un plan incliné pavé très dégradé. (8)

ˆ


- Lavoir du Maine Gagnaud (en amont du Pont Neuf) : sa superstructure est en béton (toiture et piliers) ; il est en partie fermé par un mur à l'arrière et sur le côté droit (en amont) ; une table à savonner en pierre domine un plan incliné pavé, dans un état moyen. (9)

- Lavoir accolé au Pont Neuf (aval) : il a été laissé à l'abandon; la pente d'accès est très dégradée, de même que la partie du plan incliné pavé qui subsiste. (10)

Š


- Lavoir près de la base de canoë : il reste les vestiges d'un plan incliné cimenté, une borne maçonnée qui supportait un des poteaux de la toiture, deux bornes renversées dans la Touvre. (11)

- Lavoir des Seguins : vestiges d'un pavage au bord de la Touvre ; un banc qui avait été installé sur la partie remblayée à côté de la passerelle, a été enlevé. (12)


- Lavoir du Quai militaire : il ne reste plus rien ; le terrain a été vendu en 1956 et des constructions s'élèvent sur l'emplacement. (13)

- Lavoir de la Terrière : des travaux ont transformé la rive en quai avec possibilité d'accostage pour les barques. (14)


- Petit lavoir de Fissac : à l'extrémité de la passerelle subsiste un plan incliné cimenté; sur une partie surélevée, reste le pied en ciment d'une table à savonner dont le plateau, en ciment, a été jeté dans la Touvre juste en dessous. (15)

- Grand lavoir de Fissac : sa superstructure est en béton (toiture et piliers) ; il est accolé au mur d'une habitation dont la porte d'entrée ouvre sous la partie couverte. Pour éviter de glisser, des rangées de pavés en saillie coupent la pente du plan incliné, parallèlement au cours de la Touvre. Un plan incliné en ciment qui occupe la partie non couverte correspond au port. Il n'y a plus de table à savonner (mais un banc récent en pierre).  (16)

‘


- Lavoir de chez Tendry : plus rien si ce n'est un parking). ’(17)

- Lavoir de Vaugeline : plus rien, seulement un parking dominant la voie ferrée de la Fonderie conduisant au champ de tir. (18)

“


- Lavoir de la Fontaine des Riffauds : il occupe un déblai délimité par des murs de pierre de taille, rehaussés au NO et au NE en raison des modifications apportées aux voies de communication (19) ; le bassin rectangulaire en pierre est bordé d'un trottoir pavé sur trois côtés (pas du côté de l'évacuation) (20) ; le trottoir est envahi par les ronces côté nord-ouest (19) ; le bassin d'arrivée d'eau occupe une partie du trottoir nord-est ; deux tables à savonner en pierre, une sur le trottoir NO, l'autre dans l'angle sud. (20)

 


- Lavoir de la Petite Fontaine des Riffauds (en montant vers les Riffauds à partir de la Fontaine des Riffauds, à droite) : au bord du chemin, un plan incliné pavé plonge dans un bassin non maçonné au pied d'une paroi (21) ; deux tables à savonner en pierre se dressent de l'autre côté du chemin. (22)

 


- Lavoir de la Ponche : plus rien. Il a disparu vers 1970, des maisons ont été construites et pour éviter les inondations, le cours du Bac du Chien a été retracé au sud des habitations ; emplacement à l'entrée du passage (23)

- Lavoir de la Fontaine des Arnauds (sur la commune de Mornac) : il est alimenté par une source ; le bassin double avec vannes, ayant la forme d'un rectangle prolongé par un triangle du côté de l'évacuation, est bordé par un trottoir (sauf du côté de l'arrivée d'eau) où sont installées trois tables à savonner en pierre. (24)

 

          Même si ces vestiges d'une époque révolue, mais pas si lointaine, restent d'un niveau modeste, partir à leur découverte peut être l'occasion de promenades agréables et contribuer à une meilleure connaissance du patrimoine communal.

 

Sources et bibliographie

 

Témoignages oraux (notamment Lucienne Gauchon, Maurice Hardy, Daniel et Marie-Paule Michaud, Robert Antoinet…).

 

Archives municipales

- Registres des délibérations du conseil municipal (1836 à 2008).

- Dossiers concernant les lavoirs.

- Plans cadastraux et matrices.

 

Archives départementales

- Série 2 OPROV 291.

 

Etudes

- Pascal Duvidal : Département de la Charente - Les lavoirs de nos villages.

- Cahiers d'Histoire de Ruelle édités par l'UP.

- Site internet : Les lavoirs de Charente

 

Illustrations : documents d'archives, cartes postales, photographies prises par A. et M. Herbreteau.

 

 

          Mes remerciements à toutes les personnes qui m'ont apporté leur aide ou leur soutien pour réaliser ce travail, aux personnes qui à la mairie m'ont témoigné leur confiance.